L’ormement est un talisman perséphonique.

Un ormement, objet perséphonique très-puissant constitué de branches reliées entre elles par du fil transparent et orné de plumes, possède au moins quatre fonctions. Il est attrape-rêve tri-dimensionnel et ses plumes sont, bien-sûr, orientées vers le haut, ces deux propriétés lui conférant une efficacité véritablement impressionnante. Egalement émetteur de bonheur, car fait de bois, sa portée peut atteindre plusieurs kilomètres. Il est aussi communicateur de force sereine car en lien constant avec l’arbre dont il est issu, l’orme de Sibérie veillant sur la vallée de la Loire aux confins nantais… Enfin, une autre propriété est d’être pare-mal, empêchant la venue des mauvaises choses sur ceux qu’il protège.

Voici iéreïs koruskan le mettant en route, un jour de pluviôse 225…

 

Printemps perséphonique

En Perséphonie, les saisons n’arrivent pas, il faut les faire advenir. Pour ce faire, derrière soi ou accroché à son véhicule ou à son animal, sont tirés de longs fils de soleil venant caresser la terre et y faisant naître le printemps. Ces fils de plusieurs mètres sont couramment confectionnés en nylon transparent…

Précis de culture perséphonique: les Krrrr

Les Krrrr sont des animaux conceptuels, responsables de l’effritement des choses, de l’usure, du vieillissement. Mâchoire ouverte, dents acérées et corps effilé de vers blanchâtres, ce sont en vérité des vers-rongeurs métaphysiques.
Ils vivent à l’origine dans les abysses ontologiques mais lorsqu’ils remontent, deviennent responsables du bien et du mal, de l’heur ou du malheur, de la chance ou de la perte, de la maladie où de la santé.
iéréïs koruskan est leur berger, son corps est ce par quoi il peut les mener.
Leur puissance est telle et leur grouillement si intense qu’ils affleurent à la surface des choses.
La schirme est le fluide par lequel il est possible d’éloigner ou d’attirer les krrrr. La règle de polarité est donc que la main gauche les éloigne, et ainsi que la droite les attire. « Senestre te protège, dextre te méfiera… » dit-on couramment en Perséphonie.
Mains orientées en conque, émettant la schirme depuis la paume vers ce qui est à détruire ou à protéger, iéréïs koruskan, qui est le Zauberer, aime, protège, accompagne, craint et oriente les krrrr.

 

 

Les Jérôme Schirmer, jeu abordant de nombreux thèmes passionnants…

Ce jeu consiste à coller des photos découpées de Jérôme Schirmer en différends endroits. Le portrait, unique, est volontairement pris n’importe comment et grossièrement découpé.

Étude du narcissisme, que signifie l’existence même du mythe? Sa possibilité même? Mesure de la force du tabou: 45,78 clounches (unité de mesure des tabous).

Le poids du regard d’autrui, même si c’est soi-même, indique la différence entre ce que l’on pense être et ce que l’on croit que les autres voient: 3,89 rrrouhhhs dans mon cas.

La sur-représentation, l’ultra-selfie. Un Jérôme Schirmer regarde un Jérôme Schirmer passer. Une overdose de Jérôme Schirmer.

La dématérialisation. C’est bien étrange et succuleusement désuet, des belles photos de papier…

La decontextualisation: qu’est une chose, sinon le lien qu’elle possède avec son contexte ?

La démultiplication de personnalité. Abolition du règne fétide et ranci de l’uni-personalité ! Je serons Nous !

Le unheimlich dans tous ses états, avec l’angoisse et l’amusement qu’il procure…

La bizarrance est fonction de l’élasticité normative. Je l’ai réglée, pour ce jeu, précisément sur 477 nng’ .

Décrochage chronotique !

La qualité de l’étant n’étant pas la même en Perséphonie, plus complexe, plus liquide et labile, il arrive, en votre monde, que des avatars de soi-même reste bloqués dans le passé, comme qui égarerait son manteau par exemple, nous obligeant ainsi à devoir aller les récupérer, ou du moins les rappeler, sous peine de voir notre consistance ontologique diminuer en dramatique façon !

Rite aabamique d’ensorcellement perséphonien

Document très rare, daté du Primidi 21, Nivôse 225, montrant un haut et puissant mage perséphonique, iéréïs koruskan, pratiquer un rituel de magie visant à protéger sa descendance prochaine (billes de plombs, sperme sacré, alcool à brûler, coton du ciel) :

Que tourne le plomb
dans la semence enflammée,
la danseuse ornera ta vie…

 

Du lest d’aabam spirituel, mythologique, alchimique, esthétique et, oui, même, métaphysique…

Jérôme Schirmer est heureux car grâce à quelques plombs de lest
IL Y A:
UN BOUQUET JETE DE FLEURS POURRISSANTES DANS LA BOUE;
CINQ MOUETTES ONCTUEUSES IMMOBILES VIGIES DE LA DERELICTION;
astucieusement placés, il arrive plus facilement à rester lui-même et à maîtriser de ce fait la dérive vers iéréïs koruskan et les autres… En outre et
DES TRACES DE SANGLIERS AFFAMES FOUISSEURS D’HIVER;
par ailleurs, les qualités esthétiques du plomb ne sont plus à démontrer et
LA LOIRE DISSIMULEE SOUS UNE BRUME MALADIVE;
cela procure ainsi grande distinction et beauté métallique à cette personne.

Il est à noter également qu’en Perséphonie, l’expression « avoir du plomb aux mains » signifie que l’on est particulièrement apte à capter et juguler
DE L’ODEUR DE VASE PUTRIDE;
DU BOIS QUI SE DECOMPOSE ET SE MELE AU VOMI DU POURRISSEMENT;
LA RESPIRATION LOURDE ET MOLLE D’UNE HUMIDITE MORTUAIRE;
les grandes forces, par la magie du ductile et magnificent métal, dont le magnétisme ontologique est bien connu de tous.

« Avoir du plomb aux yeux » ou « Porter plomb en tête » sont elles encore
PLUS LOIN, LES BRUITS METALIQUES D’UN BATEAU ACCOSTANT, DE MOURANTS CHARGE;
des expressions perséphoniques signifiant, d’alchimique moderne manière, que l’on est capable d’artistiquer toutes choses de puissante
UN CADAVRE EVENTRE DE RAGONDIN, GROUILLANT DE VERS, GLISSE LANGOUREUSEMENT AU FIL DE L’EAU FUYANTE;
façon. Cette transmutation du plomb en or esthétique (ou l’inverse, ou pas) est une nécessité, une fierté et un destin (ou pas, derechef et
JE ME GLISSERAI PLUS TARD DANS UNE TOMBE OUVERTE ET Y DIRAI MON EULOGIE, TOUT CON, TOUT SEUL, COMME UNE GROSSE MERDE.
cependant…). A noter qu’en Perséphonie, la pratique la plus courante consiste avant tout à chercher l’or dans le plomb…

Tant mon poème me dégoûte, que j’en ai les lèvres pincées…