La mycothumose, rebelle et si fière maladie mentale, s’attrape en cas de mauvaise hygiène intellectuelle: des champignons de conscience, formes parasitaires de vie intérieure, se greffent sur l’individu et croissent en usurpant et confondant la place de leur proie.
Je suis infecté de mycothumos.
Les trois principaux que j’ai dénombré, car les autres sont encore à l’état larvaire, sont les suivants:
Ghââân, le serpent que je suis.
Il est très antique, puissant et cherche les fourrés. Immobile des heures, il guette sa pitance. Il se manifeste particulièrement lorsque je longe de l’eau, me mène en jardinerie où je salive devant les petits animaux, me fais siffler et onduler… Par intermittence, ma peau se coouvre d’écailles et de motifs.
Siegline, la femme que je suis.
Pulpeuse et capiteuse, c’est une guerrière et une obsédée sexuelle. Elle me fait convoiter robes et beaux escarpins; fait s’arrondir mon postérieur et grossir mes seins.
La Présence, autre que je suis.
Forme de vie inconnue et totalement effrayante. Le monde alors perd tout sens lorsqu’elle me supplante.
Par saccades terrorisantes, ils prennent tour à tour pouvoir et se superposent à moi…
Note du primidi 1 vendémiaire 226: un serpent poussait cette nuit dans ma main, mais j’ai réussi à l’extraire, malgré la forte douleur que cela me fit.
Note du décadi 20 vendémiaire 226: Jérôme Schirmer n’est peut-être qu’une mycothumose ayant pris le pas sur les autres…